Le bois |
Le bois constituait la ressource la plus importante aussi bien pour la commune (coupes et ventes de bois dans la forêt communale) que pour les particuliers. Selon l'usage auquel il était destiné (bois d'oeuvre ou de chauffage), le bois était coupé à des moments précis (lune et mois). Certaines essences étaient destinées à un usage bien particulier : poutres et solives en chêne, planchers en chêne ou châtaignier, bardeaux en châtaignier ou en hêtre (cayolar), sabots en érable, manches d'outils et colliers à cloches en frêne, poignées de manches de faux en buis, jougs en noyer, aiguillons et bâtons en aubépine, en houx ou en noisetier. Bols, récipients à traire, coffins, moules à fromage, corbeilles, outils aratoires : une essence pour chaque objet mais un objet complexe pouvait être constitué d'essences différentes. Chaque paysan, avec un minimun d'outils, fabriquaient un maximun d'objets en bois à usage domestique ou agricole. |
Le bois était le seul combustible utilisé dans les maisons. Tous les jours, il alimentait la vaste cheminée dans laquelle on cuisait les aliments dans des pots et des cocottes en terre, plus tard, dans des cocottes et des marmites en fonte, puis émaillées, dans des poêles, des grils, des tourne-broche. Dans la cheminée, on chauffait, dans des chaudrons, l'eau pour la toilette et la vaisselle, le lait pour confectionner le fromage. Elle devenait le centre incontournable pour tous les travaux du pèle-porc. Une fois par semaine, le bois alimentait le four à pain dans lequel cuisaient les grosses miches à la mie moelleuse et à la croûte croustillante. Plus tard, le bois alimentait la cuisinière en fonte qui fournissait l'eau chaude et dans laquelle cuisaient ou grillaient rôtis, pommes au four, châtaignes... La cuisinière à bois remplaça définitivement la cheminée vers les années 1950-60 et fut elle aussi détrônée par la gazinière, puis par la cuisinière électrique. "Faire du bois" était donc indispensable, nécessaire, obligatoire. Faire du bois signifiait alors "faire les haies". Champs, prés, côtes, châtaigneraies, fougeraies, landes, fourrés, toutes les parcelles étaient clôturées de haies vives constituées selon les endroits de noisetiers, de frênes, d'érables, de saules, de vergnes, quelquefois d'aubépines. Elles étaient le refuge de nombreux petits oiseaux et petirs gibiers tels lapins, lièvres, cailles et perdrix. Faire les haies consistait d'abord à la nettoyer, au croissant et à la faux, de toutes ronces et épines. A la hache, et en respectant la bonne lune (lune descendante de février), on coupait les plus grosses branches des arbres et arbustes qui la composaient. Si la distante entre deux cépées de noisetiers ou de frênes était trop importante, il convenait de planter un, voire deux piquets faits sur place. Ensuite, on entaillait les autres branches à mi-bois, on les rabattait et les tressait de manière à ce que nulle bête ne puisse franchir cet obstacle. Dans certains endroits, afin de franchir la haie, il fallait confectionner des échaliers ("txakostiak" ou "escalettes"), passages empruntés par les chasseurs, les voisins ou nous-mêmes, raccourcis évitant d'ouvrir des barrières. Les haies se faisaient par rotation tous les 4 à 5 ans. Chaque parcelle ayant sa dénomination, une année on faisait la haie du "cambot", l'année suivante, celle de "la coume" etc. Toutes ces branches, plus ou moins longues, d'essences et de diamètres différents, étaient transportées à la ferme par chariots tirés par une paire de vaches. Ces branches étaient dressées dans le bûcher ("léña") près de la maison. Elles allaient constituer le seul combustible utilisé toute l'année. Lorsque la quantité de bois paraissait insuffisante, les paysans étêtaient des chênes qui fournissaient des branches de diamètres respectables. Ces chênes étaient alors appelés chênes-têtards. Si le père de famille coupait et fendait à la hache les grosses branches, l'une des nombreuses occupations des enfants étaient de couper à la hachette le petit bois pour en faire des fagots. |
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